Valentin Dauphin: « Je suis un compétiteur. Et complètement! »
L’été, il est bûcheron mais pas à 100%, l’hiver, Valentin Dauphin est biathlète et jeudi 19 janvier, il se trouvait aux Paccots avec les amis du TPV réunis pour une bonne cause: la traditionnelle fondue.
Le sociétaire du SC Bex avait été invité par le président Alain Witz. « Je le connais bien, avoue ce dernier (normal, Valentin est l’ami de sa fille Justine!), je suis un peu ses courses, le biathlon est un sport très dur et il le sert avec talent, une abnégation remarquable et une volonté de réussir exemplaire. Oui, il mérite qu’on le soutienne.» Avant le dessert meringué, une de ses combinaisons a été mise aux enchères. Cet élan de générosité a rapporté au citoyen d’Ollon la somme de frs 540.-.
Comme toutes les dépenses finissent par chiffrer, on demande à Valentin Dauphin, originaire de Berolle près de Bière où les Dauphin sont légion, combien lui coûte une saison (déplacements, camps, matériel, etc). « Environ frs 35’000.-, estime-t-il. Des sponsors m’aident, Swiss Ski également moyennant le paiement de la cotisation qui s’élève à frs 3000.-, mes parents aussi mais leur apport a énormément diminué dans la mesure où j’y vais désormais de ma poche. C’est pour ça que je travaille à côté. »
Exemple d’une dépense: les balles de tir. « J’en utilise 15’000 à l’entraînement et la boîte de 50 coûte frs 6.- et 30’000 pour les compétitions et la boite de 50 coûte frs 18.-. Pourquoi c’est plus cher? Parce que les balles sont lustrées, mieux préparées.»
Valentin Dauphin vit son dernier hiver chez les juniors. Quand il fera partie de l’élite du pays « Ce changement de statut, l’appartenance dans les cadres ne se fera pas d’office, ça passe évidemment par des résultats », le prix de la cartouche ne variera pas. Et la cible qu’il faut blanchir se situera toujours à 50m. Celle-ci a un diamètre de 45mm pour le tir couché et de 115mm pour le tir debout.
Le biathlon est un sport passionnant à suivre parce que le classement des athlètes varie constamment. Le tir debout et couché est prépondérant. Voire déterminant. Il survient après des kilomètres d’efforts répétés. Il faut alors ne plus bouger et retenir sa respiration. « Il convient de se mettre en position. Elle doit toujours être la même. Le souffle? C’est du réglage et beaucoup d’entraînement. » Au départ d’une course, le double champion de Suisse juniors ne se dit pas: je me fais plaisir et on verra à la fin. «Jamais cette pensée ne m’a effleuré. Je suis un compétiteur. Et complètement. Mais pas un mauvais perdant. »
L’été, il le passe dans les Grisons, au Centre national à Lenzerheide (Roland Aréna). Valentin Dauphin se rend aussi aux Rousses, en France. «En Suisse-Romande il est impossible de s’entraîner parce qu’aucun endroit -idem pour les clubs- n’est pourvu pour ça. Voilà pourquoi le biathlon est un sport confidentiel ici. » Et ça, il le déplore. Mais le temps travaille pour lui. «J’ai 22 ans. Dans mon sport, on arrive à maturité, à une stabilité, à 25-26 ans. Je m’entraîne jusqu’à deux fois par jour. Tout est donc possible et je m’en donne les moyens. »
À propos de moyens, il en cherche, il s’efforce d’en trouver. C’est peut-être un détail pour vous mais pour Valentin Dauphin ça veut dire beaucoup.
Jacques Wullschleger – Responsable Medias